Nous faisons une halte à Périgneux, sur la route menant à Saint-Bonnet-le-Château, pour rendre visite à l’Herbier du Forez. C’est un petit village tranquille dans lequel nous ne trouverons malheureusement ni café, ni boulangerie. L’épicerie multi-fonction permet malgré tout de réaliser quelques achats avant de passer la nuit.
Arrivée à l’Herbier du Forez
Jeannot progresse lentement sur une route sinueuse, mais heureusement peu empruntée. Les yeux grands ouverts, nous sommes à la recherche d’un vieux Mercedes jaune. Et puis, après une descente de quelques minutes entre forêts et champs, il était garé là, sur le côté gauche.
Derrière le vieux baroudeur se cachent entre les arbres deux serres et une parcelle cultivée. Nous empruntons le chemin qui mène à un local en bois. Amaury nous accueille chaleureusement et nous propose de boire un café. Marie s’assied à la table avec le petit dernier, bien emmitouflé dans son habit de nouveau-né. Nous discutons de leur projet de vie et de notre démarche, accompagnés du chien et du chat qui se chamaillent.
La transition vers le métier d’agriculteur
Amaury est charpentier de formation, et Marie architecte, mais ils n’ont pas exercé ces métiers très longtemps. Comme nous, ils ont fait le choix de partir en road trip pour changer un quotidien qui ne correspondait plus à leurs aspirations. De retour en France, le jeune couple décide de s’installer en tant que paysans-cueilleurs dans les Monts du Forez. Nous écoutons leur récit avec attention. Ils évoquent le bonheur que leur apporte leur transition, mais aussi les moments difficiles qu’ils ont dû traverser.
Le premier obstacle lorsque l’on s’installe en tant que jeune agriculteur est de trouver un terrain. Cela leur a pris 3 ans pour mettre la main sur cette ancienne friche agricole. Installés depuis 2015, ils ont dû commencer par aménager les espaces au sein d’un terrain composé majoritairement de forêts. Nous découvrons les cultures en déambulant à travers les 6 hectares de permaculture dont seulement 1 est aujourd’hui planté.
Mais le plus dur reste à venir pour les deux autodidactes : apprendre le métier d’agriculteur. Mettre les serres sur la colline pour profiter du soleil ? Mauvaise idée à cause du manque d’eau. Alors on démonte le tout et on essaie ailleurs. D’ailleurs la gestion de l’eau a longtemps été un problème pour la ferme. Ce n’est qu’au bout du troisième sourcier que l’ensemble des cultures seront irriguées à partir de plusieurs bassins.
Visite de l’Herbier du Forez
En traversant les différentes serres nous distinguons des légumes, des arbres fruitiers, et des plantes aromatiques en parfaite harmonie. Tout est cultivé d’une façon raisonnée et bio, à la main, en prenant soin de respecter la topologie du sol et l’environnement. Suivre le calendrier biodynamique, essayer des associations de plantes et d’arbres… Ce projet d’agroforesterie est en constante expérimentation. Bien sûr, tout ne fonctionne pas du premier coup et l’ensemble fait parfois un peu chaotique. Mais Amaury nous lâche « Ça pousse », et c’est bien le plus important.
Nous rentrons dans une sorte de petit chalet converti en séchoir pour les plantes aromatiques. Marie et Amaury réalisent à eux deux l’ensemble des tâches : la culture, la transformation et la vente de leurs produits sur les marchés. Le travail sur site semble colossal. Ce qui n’empêche pas nos courageux agriculteurs de s’imaginer accueillir du monde sur la ferme pour partager leur savoir-faire.
Quelle est la place du projet dans le paysage local ?
“On nous prenait pour des rigolos”
En effet, pas facile de se faire accepter dans une commune rurale où tout le monde se connaît. Même qu’ils ont su saisir pour désormais vivre de leur nouveau métier. S’il y avait un mot pour caractériser Marie et Amaury, ce serait l’audace. Ils sont la preuve que même si un chemin est semé d’embûches, il est possible de parvenir à concrétiser ses rêves.
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