Ça y est, les demandes de rendez-vous auprès des collectivités de la Loire (42) ont enfin porté leurs fruits ! Après une première rencontre avec des élus et l’association des 4 versants fin juin 2021, nous avons pu nous greffer à l’événement « Après l’école ». Une résidence pour imaginer un futur tiers lieu à Pélussin ?
L’histoire du projet Saint-Charles
L’école Saint-Charles, construite en 1819, est une ancienne école privée située sur la commune de Pélussin.
Elle fut d’abord occupé par la congrégation des sœurs de Saint-Charles jusqu’en 1977, puis par des frères maristes. Le site de Saint-Charles est remarquable et dispose de sérieux atouts :
- Foncier : Il est constitué de l’école (800m2), de la maison des frères (600 m²) auquel il faut ajouter le terrain, constructible, d’une surface totale de 7 425 m² ;
- Emplacement : L’école est idéalement située entre le quartier historique de Virieu et le quartier central des Croix qui accueille les principaux commerces ;
- Accessibilité : Deux entrées permettent d’accéder au site aussi bien à pied, qu’à vélo, qu’en voiture ou en camion depuis la départementale.
Saint-Charles intéresse la commune depuis… 2011 ! À l’époque, elle souhaite mettre le bâtiment à la disposition de plusieurs associations locales et du centre de loisirs. En 2015, elle propose un paiement échelonné de 610 000€ pour racheter l’ensemble immobilier. Mais face à la complexité du projet, elle décide de s’associer en 2017 avec EPORA. Cet établissement public foncier d’état achète des bâtiments pour réhabiliter des centres bourgs ou des friches industrielles. EPORA devient donc propriétaire du site, le temps d’une convention de 4 ans, afin de faire les études d’aménagement et d’affectation des locaux pour le compte de la mairie.
Une résidence, pourquoi ?
En 2020, la nouvelle équipe municipale méné par Michel Devrieux prend possession de la mairie. La convention avec EPORA prend fin dans deux ans. Heureusement, Saint-Charles stimule la liste participative qui fait de ce projet une des priorités de son mandat. C’est Jeff, élu à la citoyenneté, qui est en charge du dossier. Sa mission ? Permettre aux habitants de comprendre les enjeux de Saint-Charles, mais aussi ses contraintes financières et d’urbanisme, afin qu’ils proposent des projets pour investir le lieu. Comment ? En co-organisant avec le Crefad Loire un événement ouvert à tous, la résidence « Après l’école ».
C’est donc sous forme d’ateliers participatifs que les habitants sont invités à découvrir le lieu et à s’exprimer sur l’avenir de l’école. Malheureusement, l’événement se déroule uniquement dans le jardin pour des raisons de sécurité. L’ouverture de la résidence est une réussite malgré la météo capricieuse. Jeff et M. le maire prennent la parole devant une foule hétéroclite. On peut croiser des habitants, des associations locales, mais aussi des élus des communes alentours ou un représentant du sénateur. Preuve que le projet fait parler de lui au-delà des frontières pélussinoise, et que la démarche participative mobilise des acteurs variés.
Dès l’entrée, le visiteur peut remonter le temps et s’immiscer dans la vie des écoliers grâce à l’exposition photo en noir et blanc.
Plus loin, c’est une fresque chronologique qui retrace toutes les étapes du projet depuis sa création. À côté, le mur d’expression prend vie au rythme des projets soumis par les habitants et des votes en forme de cœur collés sur les favoris.
Au fond, les associations La bricoleuse et La brouette animent un chantier collectif pour construire des structures en bambou. Enfin, la buvette permet de se restaurer sous un arbre imposant accolé à la cours de l’école. Et nous dans tout ça ?
Faire tiers lieu avec les habitants
Le collectif s’installe sous un barnum avec tapis au sol, table basse en cagette, présentoir en bambous, table et banc d’écolier, guirlande lumineuse… Nous utilisons les éléments glanés à proximité du stand pour lui rendre un aspect convivial.
Il s’agit d’attirer un maximum de monde pour évoquer le sujet des tiers lieux à travers quelques ateliers ludiques :
- Le vidéomaton : Prêté par l’association des 4 versants, il permet de visualiser des interviews de porteurs de projets de tiers lieux dans la région ;
- Le photo-expression : Choisir 4 images en fonction de nos affinités et en expliquer les raisons ;
- Les phrases qui tuent : Coller une gomette sur la phrase qui nous à un jour empêché de nous lancer dans un projet ;
- Les bocaux des compétences : Ecrire sur un bout de papier et placer dans 3 bocaux distincts les compétences que l’on maîtrise, celles que l’on souhaite apprendre, et celle que l’on est capable de transmettre aux autres ;
- L’horloge du bénévolat : Tourner les aiguilles en fonction du temps en heure par semaine que l’on peut offrir au projet de Saint-Charles.
Finalement, l’opération a été une belle réussite. En effet, prêt de 40 personnes ont participé aux activités du stand ! Même si cela n’est pas représentatif de toute la population, nous avons recueilli de précieuses informations qui peuvent intéresser le futur comité de pilotage du projet composé de trois groupes : quatre élus de la commune, trois habitants et un/une élu de la communauté de commune du Pilat rhodanien. Le soir arrive et on s’active en cuisine. La Pélu-soupe, concoctée avec les légumes de saison, réchauffe un peu les bénévoles qui bravent une météo décidément bien capricieuse.
Le bilan des ateliers participatifs
Nous sommes ravis des deux jours passés à Pélussin qui ont aussi été l’occasion d’interviewer M. le Maire et Jeff. Ces précieux échanges alimenteront le projet documentaire dont la trame se dessine petit à petit.
Il est maintenant l’heure de faire le bilan de l’événement ! Le photo-expression a permis de faire ressortir 3 grandes thématiques : Le bricolage, les ateliers créatifs et le jardinage. Cela tombe bien, il y a un local, de nombreuses salles pour organiser des ateliers et un immense jardin pour faire un magnifique potager.
Mais est-ce que les habitants possèdent les compétences pour traduire toutes ses envies en projet ? Il semblerait que oui ! Les bocaux des compétences révèlent que des personnes maîtrisent ou souhaitent transmettre des choses que d’autres ont envie d’apprendre. C’est le cas du bricolage ou du jardinage par exemple.
Pour autant, est-ce que cela veut dire que Saint-Charles va s’animer dès que la mairie et EPORA signent un accord ? Et bien ce n’est pas si simple… Tout d’abord, très peu d’habitants ont poussé les aiguilles de l’horloge du bénévolat, un indicateur temporel d’engagement dans le projet. Ensuite, cette tendance semble se confirmer en analysant les 70 fiches projets du mur d’expression. La majorité d’entres elles traduisent des envies, comme une résidence intergénérationnelle ou une maison des jeunes. Cependant il faut que les communautés s’investissent et ne viennent pas simplement pour consommer un service. C’est la raison pour laquelle Saint-Charles doit se doter d’une structure adaptée à ses ambitions.
Saint-Charles, les prémisses d’un futur tiers lieu ?
Finalement, est-ce que Saint-Charles n’est pas la préconfiguration d’un futur tiers lieu dans le pilat rhodanien ? Ce qui est sur c’est qu’il emprunte une démarche très intéressante qui mobilise les collectivités publiques, les associations et les habitants. Peu de tiers lieux, sur les 15 que nous avions visité à l’automne 2020, ont suivi cette démarche. Au contraire, la municipalité avançait toujours avec prudence, et il arrivait qu’elle bloque le bon déroulé de certains projets. Si l’on devait retenir 3 critères de réussites à la suite de ces rencontres, ce seraient les suivants :
Une gouvernance partagée entre toutes les parties prenantes
Un modèle économique viable, même si l’activité du tiers lieu n’est pas à but lucratif
Une communauté d’utilisateurs bien définie capable de s’investir dans le lieu
Même si la Mairie est à l’initiative du projet, elle a tout intérêt à impliquer d’autres acteurs dans sa gouvernance. C’est pourquoi le comité de pilotage pourrait intégrer, en plus des élus et des citoyens tirés au sort, un collège de porteurs de projets. Ce noyau dur faciliterait la mise en relation des personnes prêtes à s’engager dans le projet collectif. Le tiers lieu pourrait par exemple prendre la forme d’une structure hybride composée d’une association et d’une SCIC.
Il serait alors envisageable d’imaginer un modèle économique permettant de créer un ou plusieurs emplois pérennes sur le site. Parmi eux, le ou la concierge du tiers lieu faciliterait les interactions entres les différents projets.
Nous avons adressé le bilan de nos ateliers et ces recommandations à la Mairie de Pélussin. En plus de cela, nous avons déposé un projet qui regroupe les activités de l’auberge associative et d’un garage participatif ! Est-ce que cela fera mouche aux yeux des élus ? Ils doivent en discuter entre eux lors du prochain Conseil municipal qui aura lieu le 17 Septembre 2021.
0 commentaires