MagnyÉthique : l’écolieu des papillons

Catégorie : Road Trip
"MagnyÉthique, un projet d'habitat participatif axé autour de la permaculture"
Rédigé par : Vincent
Temps de lecture : 4 min

Il nous aura fallu rouler près d’une heure et demie sur des routes sinueuses pour rejoindre Amplepuis depuis Saint-Etienne. Nous effectuons une courte halte pour embarquer Marie, qui nous a rejoints en train depuis l’Ouest lyonnais. Nous approchons de MagnyÉthique, tout proche du lac des Sapins, dans le département de Cécile et des bad gones.

Arrivée dans l’écolieu de Cublize (69)

Marie est une habitante des Choux Lents, un habitat participatif situé à Saint-Germain-au-Mont-d’Or, en périphérie de Lyon. Elle s’est inscrite comme 25 autres personnes à l’événement Road Trip des Tiers Lieux pour des visites de projets de transition. Elle s’intéresse, comme nous, au concept de tiers lieu pour pourquoi pas l’intégrer dans son projet d’habitat.

La météo était clémente, et le soleil rayonnait sur le relief vallonné de Cublize. C’est en haut d’une petite colline que nous apercevons les contours du château de Magny. Cette imposante bâtisse du 15e siècle fut autrefois une résidence seigneuriale, puis un centre de colonie de vacances. Aujourd’hui, c’est un habitat participatif plein d’énergie qui nous ouvre ses portes.

Jeannot qui arrive dans la cour du château de MagnyÉthique
Jeannot qui arrive dans la cour du château de Magny

MagnyÉthique, un projet mixte écolieu et tiers lieu

Le projet MagnyÉthique se définit avant tout comme un écolieu qui trouve ses fondements dans la permaculture. Sa raison d’être est la suivante :

“partager un lieu de vie intégré à son environnement, rêver et co-construire son écosystème résilient et ouvert.”

Résilience et ouverture aux autres, est-ce que ce ne sont pas des principes communs aux tiers lieux ? En effet, MagnyÉthique n’a pas simplement vocation à devenir une demeure pour amoureux de la nature. Le projet global s’articule autour de 4 pôles, chacun bénéficiant de son espace dédié dans l’une des quatre ailes du bâtiment : un espace professionnel pour des activités numériques et artisanales, un espace d’accueil de public pour des événements, un espace agroécologie avec plus de 8 hectares de terres, et bien sûr l’espace habitat.

Guillaume et Bruno font partie des 5 foyers sur les 14 qui doivent à terme former la communauté. Nous nous installons sur la terrasse en contrebas de la magnifique façade du château qui donne sur la vallée. Ils ont accepté de nous témoigner face caméra leur expérience et leur vécu dans ce projet collectif.

Interview de Guillaume et Bruno

Guillaume est l’un des initiateurs du projet. Cet ancien ingénieur informaticien a quitté la ville pour venir s’installer à la campagne avec sa famille. Autrefois en CDI sans possibilité de télétravail, il exerce aujourd’hui les mêmes missions mais de façon indépendante et à temps partiel. En dehors de cette activité, il est sur le chantier de rénovation ou expérimente le travail du bois dans l’atelier.

“C’est peut-être plus important de savoir tourner du bois que de faire de l’informatique, l’argent ne se mange pas ni mes points de retraite”

Guillaume (à gauche) et Bruno (à droite) sur la terrasse du château de MagnyÉthique
Guillaume (à gauche) et Bruno (à droite) sur la terrasse du château de Magny

Bruno est un artiste qui a longtemps expérimenté le collectif dans des compagnies de comédiens. Il a fait le choix de quitter sa région natale bretonne pour venir vivre à Magny tout récemment. Ce n’est pas un grand amateur de jardinage, mais c’est l’occasion pour lui de relever de nouveaux défis, à la fois humains et professionnels. Bruno imagine développer des activités artistiques dans la salle polyvalente, ou encore accompagner des groupes sur les systèmes restauratifs.

“J’ai l’habitude d’être dans des cases autres, tiers lieu est une bonne définition pour une case autre, quelque chose qu’on ne sait pas définir autrement”

Visite du château de Magny

Guillaume et Bruno nous font visiter les lieux. Nous grimpons les magnifiques escaliers en pierre pour rejoindre le premier étage où se situent les appartements. Enfin les futurs appartements, car pour le moment tout est en chantier, et le chantier est immense ! Nous sommes fin septembre, et l’humidité de l’air et le froid se glissent jusque dans les moindres recoins. Des chantiers participatifs sont donc organisés pour prêter main forte au projet. C’est aussi un moment privilégié pour les volontaires d’expérimenter la vie en collectif dans ce lieu atypique.

Un appartement de MagnyÉthique en cours de rénovation
Un appartement de MagnyÉthique en cours de rénovation

Car les habitants de MagnyÉthique, à la différence d’un tiers lieu à dimension uniquement professionnel, expérimentent l’humain. Par exemple, ils se forment ensemble à la communication non-violente (CNV). Cette méthode a pour but d’apporter des outils permettant une meilleure gestion des conflits. Mais la grande originalité du projet réside dans le processus d’intégration des nouveaux habitants. Le schéma reprend le cycle de vie du papillon : œuf, chenille, chrysalide et enfin papillon. Il s’agit d’apprendre à se connaître, de participer à la vie et au fonctionnement de la structure avant d’y poser ses valises définitivement. Pour Bruno, le processus complet à pris plus d’un an et demi.

Le processus d'intégration des habitants de MagnyÉthique
Le processus d’intégration des habitants de MagnyÉthique

Soirée à MagnyÉthique et conclusion

Nous passons la soirée avec quelques habitants dans la salle parapluie. Vincent part en cuisine pour faire la vaisselle, accompagné d’Agnès, en phase d’intégration dans le groupe. C’est une femme dans la cinquantaine, qui s’est soudainement sentie libérée suite à la séparation de son mari. C’est une adepte de la débrouille et de la récupération qui n’a pas peur de partir seule voyager dans le monde. Elle s’amuse en décrivant les habitants de Magny comme des intellectuels adeptes des tableaux Excel. Bien que surprise de pouvoir prendre part à ce projet, elle semble aujourd’hui heureuse et comblée. Elle participe à la vie collective en allant cueillir des champignons à l’aube ou en faisant des confitures pour le groupe.

Soirée à MagnyÉthique dans la salle parapluie
Soirée à MagnyÉthique dans la salle parapluie

Nous passons la nuit à côté du château à discuter de tout ce que nous venons d’entendre. Julien est un peu sceptique et pense que les habitants se lancent dans un projet fou : entre les rénovations à n’en plus finir et les difficultés à organiser une activité économique pérenne sur le site, il n’y a pas assez d’une vie pour venir à bout du projet. Qu’importe, Magny Ethique est une belle leçon d’humilité. Peut-être que la transition se rêve sur plusieurs générations, et que les enfants de nos papillons reprendront les rênes de cette utopie qui se concrétise pas à pas.

Réflexion sur la colline à côté du chateau de MagnyÉthique, face au couché de soleil
Réflexion sur la colline à côté du chateau, face au couché de soleil

2 Commentaires

  1. Begué Claire

    NON nous ne sommes pas à visée d’une comunauté, nous partageons des espaces et beaucoup de temps ensemble, de la vie de proximité qui permet de mieux nous connaître (nous même et les autres).
    OUI beaucoup de relationnel et d’échanges (oaraux, texto, services, prêt de matériel, voyages A/R sur marché activités ect…et du temps biensûr… dans du faire ensemble )
    OUI un bien commun car sommes en travaux pour amélioration ou réhabilitation de l’ensemble du bâtit et des espaces extérieurs et la SCI fait que nous sommes ensemble propriétaire de l’ensemble . Mais chacun son espace de vie et sa liberté, avec un vivre ensemble du fait de cette proximité et non promixité.

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    • Vincent

      Bonjour Claire et merci pour ces précisions 🙂 Vincent

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