Si je vous posais la question, vivre en ville ou à la campagne, quel choix feriez vous ? La nature et le calme des grands espaces, ou la vie bouillonnante et trépidante des rues bondées ? En quittant MagnyÉthique et le Quartier Métisseur, j’ai comme l’impression que le tiers-lieu rural apporte un peu du monde urbain à la campagne : des lieux de socialisation, une offre culturelle, mais aussi de l’emploi. Rien d’étonnant lorsque l’on sait que certains porteurs de projets sont issus des métropoles. Mais alors, qu’est-ce qui motive à la création d’un tiers lieu urbain ? C’est ce que nous allons découvrir en séjournant quelques jours dans la capitale des Gaulles. Nous quittons la vallée de l’Azergues et passons le tunnel de Fourvière pour rejoindre la MYNE et la MIETE à Villeurbanne.

Arrivée à la Myne

L’expression “il pleut des cordes” n’a jamais été autant adaptée pour décrire la météo du jour. Nous quittons la famille de Cécile avec nos parapluies et imperméables. Cependant un élément indispensable aurait manqué à notre équipement du jour, une bonne paire de bottes ! Qu’importe, nous prenons la direction du campus de la Doua à Villeurbanne où nous rejoignent Julien et Adrien.

Au fond d’une impasse, nous franchissons le portail d’une ancienne villa surélevée sur garage. La MYNE – pour Manufacture des Idées et Nouvelles Expérimentations se définit comme un laboratoire citoyen, tiers-lieu(x) libre et open source. Sa vocation : soutenir les citoyen.ne.s qui expérimentent le futur et agissent sur les transitions (habitat, alimentation, énergie, etc.), chacun.e à sa façon (technique, art, science…), par les communs. Ça, c’est ce qu’on peut lire sur leur site internet… mais en vrai ?

Visite de la maison partagée

Benjamin nous accueille chaleureusement et nous propose de débuter la visite des lieux par le rez-de-chaussée. C’est un endroit étrange qui illustre bien le sens du terme « nouvelles expérimentations » : nous découvrons une ferme bactérienne pour produire du papier à partir de déchets organiques, ou encore un atelier de réparation informatique. L’Atelier Soudé, fut fondé dans ce garage. C’est désormais une association à part entière qui lutte contre l’obsolescence programmée et encourage l’auto-réparation.

Nous rejoignons ensuite l’étage par un escalier dont les murs sont ornés de portraits. On imagine très vite le fourmillement d’idées et de projets qui ont pu naître de toutes ces rencontres. Sur notre droite, c’est l’open space avec des postes de travail en libre accès.

Sur notre gauche, la cuisine et le salon cosy duquel on surplombe un petit jardin arboré. Benjamin et Vincent échangent sur plusieurs concepts en réflexion au sein du lieu, et documentés en open source sur le site web de la structure : le CDI communautaire, la gouvernance par Adaptocratie… Cécile présente la démarche du projet pendant que Connie et Jérémy s’activent en cuisine. Car nous sommes invités à partager un repas collaboratif avec les résidents !

Un repas collaboratif

On se sent rapidement comme à la maison ce qui permet de parler librement. Amaury nous explique par exemple qu’il travaille sur l’aménagement d’une friche inexploitée en face du bâtiment. Que pourrait-on expérimenter ? La construction d’un méthaniseur, ou d’une éolienne…? On évoque Hartmut Rosa et l’accélération du temps dans nos sociétés, Antoine Burret et les tiers-lieux, Franck Lepage et les conférences gesticulées… Nous parlons ensuite des difficultés à former un collectif, du « facteur d’autobus » qui nous questionne sur la survie d’un projet soumis au départ précipité d’une ressource clé.

On aborde aussi les épineuses questions économiques, en évoquant l’indice de complexité d’un produit. L’exemple d’un Américain qui passe 6 mois de sa vie à fabriquer un sandwich au poulet démontre les limites du faire soi-même : il serait mort de faim bien avant de pouvoir se nourrir par lui-même ! Alors que certaines communautés en transition recherchent l’autonomie à tout prix, la MYNE nous démontre qu’il existe des limites à cette quête.

Le projet associatif la MYNE et interview de deux résidents

Favoriser la coopération humaine, c’est plutôt le but recherché par la structure Oxamyne. C’est une coopérative de recherche-action au service des transitions co-portée par l’association la MYNE et la coopérative Oxalis. On vous laisse découvrir tout cela en vidéo à travers les interviews de Benjamin et Boris :

Dans un monde qui ne jure que par la compétition et la propriété intellectuel comme source d’enrichissement personnel, la MYNE propose à l’inverse la coopération et les communs comme base de développement durable de notre société. On quitte ce charmant endroit en retenant qu’un tiers lieu, c’est venir, faire et essayer, et qu’il n’y a pas d’âge pour bifurquer – alors n’hésites pas à te rendre au 1 rue du Luizet 69100 à Villeurbanne !